REVUE | KEMONOZUME
On【Halloweird week ?】
Kemonozume est une série que j’ai découverte au hasard, comme 80% des anime que je regarde. En voyant le visuel, j’ai immédiatement pensé à Mind Game : un peu moche, un peu brouillon, un peu “ça-m’a-l’air-bien-nul-tout-ça”, un peu “ça-donne-pas-envie-d’aller-plus-loin”…
Toutefois, comme Mind Game, je sentais le possible contre-pied, et donc le potentiel bijou (à ce moment, j’ignorais qu’il s’agissait du même réalisateur). Après avoir visionné les 13 épisodes de la série, voici mes “2 cents”, comme on dit outre-Atlantique. Bonne lecture.
Carte d’identité : KEMONOZUME
Type : Seinen
Genre : Romance, comédie, horreur
Titre original : ケモノヅメ (kemonozume)
Réalisateur : Masaaki Yuasa
Studio : Madhouse
Dates de sortie : 5 août 2006
Durée : 13 épisodes de 25 min ∼
Bande annonce (vo) :
Synopsis :
Depuis des temps anciens existent les Shokujinki (食 人 鬼?, litérallement “manger – hommes – ogre”), une race de monstres mangeurs de chair, qui peuvent prendre forme humaine ou qui vivent cachés dans l’ombre en se nourrissant d’humains. L’école du Kifūken (鬼 封 剣?, littéralement “ogre – sceller – épée”) a été créée pour traquer ces créatures et les enseignements de cet art martial ont été transmis génération après génération à la famille Momota. L’histoire tourne autour de la romance interdite entre Toshihiko, le dernier héritier de l’école Kifūken et Yuka, une jeune femme s’avérant être une shokujinki.
Mon avis :
– Avant-propos –
Après 5 minutes de visionnage et au vu des nombreuses similitudes entre Mind Game et Kemonozume, j’ai dû faire une petite pause-google, histoire d’enquêter sur un éventuel lien entre les deux oeuvres. Et Google me dit :
C’est le même réalisateur, Chrys.
J’ai repris le visionnage avec ce sentiment de “je ne sais pas à quoi m’attendre mais je sens que je vais être éblouie”.
Pour vous expliquer brièvement (vous pouvez aussi lire l’article complet REVUE | MIND GAME), j’ai découvert ce film lors de la Nuit De La Japanimation 2015. Au début je pensais que c’était nul à chier, les dessins étant rebutant et l’atmosphère plutôt sombre… Mais bien au contraire! C’est pourquoi j’abordais le premier épisode de Kemonozume dans un état de pré-satisfaction, plutôt qu’avec un esprit négatif du style “je sens que je vais perdre 20 minutes de ma vie alors que j’aurais pu les passer à faire des choses plus intéressantes, comme plier mes chaussettes par exemple”.
13 épisodes plus tard et à ma grande non-surprise*, je ne peux que conclure qu’il s’agit là du petit frère de Mind Game, dans le sens où aspect techniques, contenu, profondeur, portée psychologique sont traités par des approches similaires.
*non-surprise : comme son nom ne l’indique pas, ce n’est pas le fait de ne pas être surpris (beaucoup de négations dans cette phrase). C’est un terme que je viens d’inventer pour traduire cet espèce de double effet Kiss Cool, quand on est choqué de prime abord mais qu’on se rend compte que ce n’est pas si étonnant après réflexion. Ou tout équivalent, cette sensation qu’on a quand on sait à quoi s’attendre, qu’on voit venir “le truc”, sans réellement savoir quoi. Suis-je claire?
– Aspects techniques –
Avec des dessins dégueulasses et une animation saccadée, l’aspect visuel de Kemonozume n’est clairement pas l’atout de cet anime. Cependant, je dirais que ce n’est pas un point faible non plus étant donné qu’on sent la volonté artistique, comme si la production voulait nous dire “ne vous laissez pas berner par l’emballage, concentrez-vous sur le contenu” ou encore “on des oufs, nous… on l’assume”. On retrouve également la signature créative avec l’ajout de textures (par le biais de collages, photos, vidéos…) et l’emploi d’un jeu de couleurs intéressant (vibrant/saturé au pâle/sombre).
Au niveau du son par contre, le travail est beaucoup plus “soigné”. On notera la bande originale, résolument jazz avec un florilège de déclinaisons, dont l’exceptionnel générique qui mériterait un article à lui seul… mais par souci de concision, on se limitera à dire qu’il s’agit d’un opening plutôt swing jazz, avec une pointe de punk, interprété par 勝手にしやがれ (Katteni Shiyagare, qu’on peut traduire par “fais comme tu veux, bordel!”). Un extrait accompagne le trailer ci-dessus ; la version complète est en écoute ici.
Enfin, mention spéciale pour les seiyus qui insufflent de la vie aux persos et leur apportent du relief. Vous me direz que c’est “un peu” leur taf mais je trouve que là, c’est remarquablement bien fait.
– Contenu –
Je reprends les mots du trailer :
Violence and action!
Violence et action
Love story and comedy!!
Histoire d’amour et comédie
Kyodai monsta, robotto hēki!!!
Monstres géants, armes robottisées
Jū, ken, bijo, saru????!!!!!
Flingues, épées, belles femmes, singe
Le gars de la bande annonce n’a ni menti, ni enjolivé, ni exagéré. Kemonozume est un mélange inattendu, un bordel organisé : ça part dans tous les sens mais on n’est jamais perdu car tout s’imbrique bien. On retrouve de l’humour, de la violence, de l’horreur, du nimp, de la romance, du sexe.
Sur les deux derniers points, je trouve que le travail est particulièrement bien fait dans la mesure où il y a de nombreux triangles amoureux, ce qui apporte du piment à l’histoire et renforce le développement psychologique des personnages. Concernant le sexe, l’approche se veut mature : réaliste et sans détour voire très crue… On ne tombe ni dans le gnan-gnan romancé riche en sous entendu, ni dans le hentai. Quant à la nudité, elle est dépeinte de façon simple et brute, on cherche pas à faire du fan service ni à infantiliser le public.
– Profondeur –
Les thèmes abordés sont abondants et centrés sur le caractère humain. C’est d’ailleurs étonnant de voir comment un série de 13 épisodes, qui part “à la one again”, arrive à aborder avec brio et pertinence des sujets sérieux : acceptation/appartenance, rapports familiaux, racisme, exclusion, remise en question de soi, trahison, échecs sentimentaux, tiraillement entre individualisme et altruisme…
– Portée psychologique –
Etroitement liée au paragraphe précédent, la portée psychologique occupe une place importante au fil des épisodes. Le développement des personnages est l’un des aspects (si ce n’est l’aspect) les plus travaillés, car malgré l’intrigue de fond et l’afflux de nimp, la progression met constamment en avant leur comportement, leur attitude vis-à-vis des autres, leur état d’esprit, leur réflexion et conflit, leur évolution.
– Conclusion –
Pour 13 épisodes, t’as à boire et à manger, suffisamment pour être bien repu et aussi un petit fond que tu peux mettre dans un tupéroir et/ou au congélateur : c’est bref mais intense! C’est hétéroclite mais bien ficelé.
Ça ne va pas charmer tout le monde, c’est assez rebutant de prime abord mais j’invite vraiment à découvrir cette série qui pour moi constitue une vraie prise de risque. Et encore je ne sais pas si je devrais dire prise de risque, tellement que l’originalité est forte. Ce n’est pas comme si le réalisateur nous disait “je tente, on verra bien” mais plutôt “je veux faire du jamais vu, je peux partir dans une direction non exploitée et qui ne le sera probablement jamais. Je ne veux pas être un précurseur, je veux être unique.” Enfin, c’est comme c’est mon interprétation.
Note globale, totalement subjective et non contractuelle : 9/10
Pour paraphraser ma conclusion, je dirais que Kemonozume a beaucoup à offrir malgré un format court. L’anime est divertissant et techniquement bien réalisé. Les quelques points faibles (dessins, piétinement de l’histoire) sont rapidement balayés par l’originalité, l’humour, l’abondance de thèmes abordés. Je recommande sans hésitation.
Sur ce, à bientôt.
Chrys Prolls