TRIP | 3 mois au Japon BILAN PART II
OnDans la première partie, je dressais un bilan des aspects liés au voyage et aux dépenses ; surtout les dépenses!! (à prononcer avec un “$$sss” bien appuyé, comme Kaa dans le Livre De La Jungle, vous voyez). Je m’attaque désormais au troisième et dernier aspect : l’émotionnel.
Sortez les violons, les guitares, les mouchoirs… C’est parti!
Aspect émotionnel
Aaah, le bilan émotionnel 🙂 ! On va essayer de suivre la chronologie, ça m’évitera de partir dans tous les sens et de vous perdre en route.
À l’arrivée : On top of the world
Pas d’appréhension particulière à l’arrivée à Tokyo : c’est la 6 ème fois que je viens, je me débrouille en Japonais, j’ai les poches pleine (de fric, hein… pas de mouchoirs usagés ou de tickets de caisse), je suis confiante et en plus, il fait trop beau, il fait super chaud… Je me dis que c’est une nouvelle page de ma vie et que ça va être trop cool.
À l’origine, je ne partais pas dans l’idée de rester 3 mois mais plutôt 6 (Les circonstances ont fait que je rentre plus tôt hélas :-/) du coup je n’étais pas dans un esprit vacances mais dans un esprit “bon bah c’est ma vie là. Je suis là. C’est mon pays pour ces 6 prochains mois”. Les 3 premières semaines, je m’éclate beaucoup avec tout de même un début d’inquiétude car les caisses se vident plus vite que prévu (Tokyo, c’est fourbe. T’as beau le savoir, tu te fais toujours avoir).
S’il fallait résumer cette période en quelques sentiments : joie, insouciance, puissance.
Quand tu prends le rythme de croisière : finie la rigolade
Pendant l’entre deux, j’étais moins à l’aise. Non pas à cause du Japon, du fait d’y être seule ou de ne connaitre personne. Ça, c’est peut-être le cas quand t’y vas la première fois… J’en suis à la 6ème donc bon. Je me sentais rattrapée par la réalité financière : envie de profiter mais le budget le permet pas. Chaque dépense était finement calculée, chaque ticket de caisse scruté à la loupe.
Du coup tu ne fais pas grand chose, limite t’as peur de sortir parce que sinon t’enchainerais les frustrations : “oh, je me ferais bien ce resto! Ah… 2000 ¥ quand même (environ 20 €). Presque 4 jours de courses… bon bah on verra”. “On verra”, c’est de la diplomatie, c’est ce que tu dis aux enfants quand ils te demandent des bonbons, des jouets ou quand ils veulent aller à Disneyland. Se serrer la ceinture quand t’es “en vacances”, c’est paradoxal et dérangeant.
Tout cela m’a fait rentrer dans un cercle vicieux : tu sors moins voire pas du tout pour minimiser les dégâts mais en restant cloitré, tu te fais chier et déprimes.
Quand j’eu touché le fond*, j’ai pris peur. J’ai essayé d’analyser ce qui n’allait pas, puis de l’accepter. Une fois que t’as conscience de ça, une fois que tu fais l’effort de voir comment faire avec cette situation et non lutter contre, les choses se démêlent. Et effectivement, tout allait mieux. Un halo de positivité m’entourait et j’ai vécu les moments les plus forts du séjour, en terme de rencontres, de partages, de découvertes. En gros, la bonne humeur attire les bonnes choses.
* Le fond c’est quand tu restes 5 jours d’affilés au pieu et que tes activités se limitent à : dormir, manger, se laver les dents…
Une fois que j’ai su que je rentrais en France, je me suis dit “on ouvre les vannes”. Et ça, ça m’a décoincée d’autant plus, déjà que j’étais sur une lancée de bonne humeur. Par conséquent, le dernier mois, j’étais sur un nuage : parce que je profitais à fond de mon séjour au Japon et aussi parce que j’avais hâte de rentrer en France pour me refaire une santé financière et lancer une série de projets professionnels qui étaient dormants pendant ce séjour.
S’il fallait résumer cette période en quelques sentiments : doute, déprime, sérénité, allégresse.
Au retour : bien… mais
Le retour, je me demandais comment j’allais le vivre. Est-ce que j’allais être triste? Contente? Indifférente?
Jusqu’au dernier jour, j’étais plutôt envahie par une sensation de fierté, de joie. J’étais contente/satisfaite de cet épisode de ma vie tout en restant pragmatique sur le retour en France. J’avais même hâte quelque part, hâte de mettre sur mes nouveaux projets, hâte d’en finir avec tout le côté relou (tétrissage des valises, formalités aéroportuaires, vols, escale…). Mais une fois franchi le contrôle rayons X, tout bascule. Là, j’avais l’impression d’être un prisonnier dans le couloir de la mort, qui avançait vers son exécution. Je me sentais lourde, emplie de regrets. J’avais cette sensation de “je veux pas partir”. “Je veux pas monter dans cet avion”. Je me disais “ça y est, c’est la fin”. “J’ai pas le choix”…
Je savais que ce moment devait arriver alors pourquoi était-ce si dur? “Ce ne sont que 3 mois d’ailleurs… et t’as passé ton temps à te plaindre que t’avais pas une thune…”. Arrivée devant l’immigration, l’agent me demande si je pense revenir (et donc demander une application pour un re-entry permit). Je lui réponds que non. Quand je vois qu’elle perfore ma carte de séjour, ça me déchire. Ça signifie vraiment “c’est fini ma belle”.
Le pire, dans la salle d’embarquement. Tu vois tous ces avions qui s’envolent et tu te dis que bientôt, ce sera toi. En rentrant dans l’avion, j’ai pas calculé le personnel : je me suis contentée de marmonner des “good morning”, tête baissée et en traçant jusqu’à ma place.
Après le décollage, les choses sont rentrées dans l’ordre. Je ne pensais plus vraiment au Japon, j’étais plus focalisée sur comment ne pas se faire chier pendant 14 heures de vol ainsi que la France que j’allais retrouver à l’arrivée.
Concernant cette dernière : froide et pas belle. C’était les premières réactions… puis tu te remets dans le bain et te motives pour la suite.
S’il fallait résumer cette période en quelques sentiments : satisfaction avec un pic de tristesse.
Ça y est! tout est dit! C’est ainsi que s’achève le bilan de mes trois mois au Japon.
Chrys Prolls
1 Comment