TRIP | 3 mois au Japon – OSAKA
OnL’année 2016 a été marquée par de nombreux voyages au Japon dont un séjour d’un peu plus de 3 mois à partir de la fin août. J’ai par ailleurs établi un bilan global de ce périple, en abordant les aspects voyage, financier et émotionnel. Maintenant, attardons-nous sur les villes du parcours.
3 mois au Japon – OSAKA
La Cigale Chrys Prolls ayant chanté tout l’été à Tokyo, se trouva fort dépourvue une fois à Osaka quand la bise fut venue…
Jean de La Fontaine doit faire des quadruples back-flips dans sa tombe néanmoins, ces vers détournés résument brièvement la situation. Je ne suis pas arrivée à Osaka les poches vides – heureusement – mais c’est à cette étape que j’ai pris conscience qu’il fallait que je passe de cigale à fourmi si je voulais étendre mon séjour au maximum.
Osaka, c’est ma ville de prédilection tout d’abord parce qu’elle est justement adaptée aux petits budgets, que ce soit en termes de logement, de nourriture, de shopping. C’est une ville hub, avec accès sur « tout », à savoir les régions du centre et sud du Japon mais aussi l’international.
La ville est grande donc enclin à un large éventail culturelle ou encore propice pour rencontrer des gens de tout bord (j’aime bien l’immersion totale mais 2-3 gaijin* dans le paysage, c’est cool). À Osaka, les gens sont plus chill voir à l’arrache ce qui les rend humain : pour vous donner une idée, je les trouve moins coincés qu’à Tokyo mais pas sauvages comme en France… Le juste milieu.
* gaijin : étranger
Enfin Osaka, c’est aussi le kansai-ben, ce dialecte si intrigant et doux à l’oreille. Niveau gastronomie, les célèbres takoyaki ou okonomiyaki ne sont pas les spécialités que je préfère mais on y mange bien.
Osaka, le décalogue
Pas de fric mais une ville que je “maitrise” et où je me sens à l’aise. À Osaka, je tombe le costume de la touriste pour me vêtir de l’habit du local : c’est moins sexy en terme d’aventure mais plus reposant et plus intense en terme d’expérience. Je vous propose donc sous formes de 10 commandements à la sauce Yoda un recueil des moments mémorables de cette partie du séjour.
1 – Un petit appartement tu loueras
L’hébergement n’est pas forcément la chose qui nous vient immédiatement à l’esprit quand on pense à “moments mémorables”. Pourtant, je ne peux faire l’impasse sur cet aspect de mon séjour étant donnée que pour un peu moins de 400 €, j’ai pu dégoter un appartement d’environ 20m2, avec coin cuisine, salle de douche, toilettes, wifi, machine à laver, télé… Tout ça à 40 minutes à pied du centre (environ 10-15 min par les transports).
J’ai eu le beurre, l’argent du beurre, la crémière, la vache et le pâturage : trop rare pour ne pas être noté.
2 – La cuisine, tu feras
En bonne locale, je faisais mes courses et ma petite tambouille tous les jours. Je me faisais des plats à l’européenne ou à la japonaise, vu que j’avais tous les ingrédients à portée de main et sans que ça ne coûte un bras. Généralement, faire à manger dans une micro-cuisine japonaise requiert du savoir-faire, du talent, de la perspicacité et du sang-froid. Si tu as joué à Tetris toute ton enfance, alors tu devrais avoir les qualités requises.
3 – Le Super Tamade, tu honoreras
C’est le Lidl local. Le magasin ne paye pas de mine, le rayonnage n’est pas des plus glamour. Les néons de la devanture et le jingle prêtent à sourire. Par contre, en terme de prix, c’est imbattable : des fruits à 90 ¥ la pièce, de la viande à 100 ¥ le kilo, des bentos à 300 ¥ qui te blindent le bide… Super Tamade, c’est l’enseigne qui redonne espoir à ton porte-monnaie.
4 – Don Quijote sera ton nouvel ami
J’ai toujours vu le Don Quijote comme le magasin fourre-tout où tu viens dépenser tes derniers yens avant le retour en France. En réalité, c’est comme Super Tamade mais un chouille plus cher et à plus grande échelle : les produits classiques certes (eau, biscuits, thé, onigiri…) mais aussi des produits variés, spécifiques, bizarres/intriguants. Si tu cherches de la farine d’amandes ou de la limonade péruvienne, le Don Quijote est envisageable.
Celui de Tennoji, proche de la maison, était le plus complet de tous ceux où j’ai été : les espaces non alimentaire (vêtement, chaussure, déguisements, souvenir, beauté, santé/hygiène/sport) et alimentaire s’avéraient extrêmement bien fournis. Concernant ce dernier, ce n’était pas les 3 paquets de chips et 2 boites de cacahuètes typiques mais presque un supermarché à part entière.
5 – Les jours de pluie, tu ne sortiras pas
À Tokyo, la pluie c’est comme un bouton on-off : il va pleuvoir 1 minute, ça va s’arrêter 3 heures, puis il va repleuvoir 10 minutes puis ça va s’arrêter à nouveau…etc. À Osaka, c’est un bouton de volume : ça commence par un crachin gentillet et 20 minutes plus tard, c’est l’apocalypse.
En gros, le “j’attends 2 minutes, ça va bien se calmer” ne marche pas, là-bas. Par conséquent, c’était l’occasion de passer quelques journées simples mais cosy, à se lover dans la couette à lire, écrire, regarder un anime tout en dégustant un chocolat chaud et un mushi pan moelleux.
6 – De petits plaisirs alimentaires, tu te contenteras
Économie oblige, j’ai drastiquement réduit la quantité de restos, au profit de petits plaisirs plus frugales mais très efficaces. Mes péchés mignons :
◼︎ La crème de cacahuètes Sonton, avec pépites de cacahuètes : c’est comme le beurre de cacahuètes mais avec une texture de crème fouettée, et subtilement sucré. Tartinée sur une tranche de pain encore chaude? Je meurs…
◼︎ Les chips de kabocha et patates douces : je m’étais lancée dans un régime visant à réduire les sucres (jus, soda, confiseries mais aussi riz, blé…). J’étais donc en quête de comfort food respectant le nouveau cahier des charges et les vegips de la marque Calbee faisaient parfaitement l’affaire.
Quant au goût? Une tuerie! On sent le goût légèrement sucré de la kabocha et de la patate douce, le croustillant et le croquant sont impeccables.
À l’infini, tu marcheras
Pour économiser les transports mais aussi pour mieux découvrir la ville et ses habitants. 25 à 40 kilomètres à la journée et tu te retrouves sans le vouloir dans la démarche inverse de Pinocchio : tu commences en humain et tu finis en pantin de bois.
Les rencontres avec des locaux tu privilégieras
Une petite étrangère qui arpente seule les rues, les parcs, les centres commerciaux… Pour faire des rencontres, il n’y a pas mieux. Lycéens curieux, vieux pervers bourrés, vieux pervers sobres, papys cools, mamies bienveillantes… et le mec qui te propose une tablette de chocolat. Récit :
J’avais marché toute la journée, j’étais fatiguée et n’avais qu’une envie, rentrer. J’entame la dernière ligne droite – 8 km, quand même – tête baissée, musique à fond en priant tous les dieux de l’univers de m’accorder l’énergie nécessaire pour finir. Un type à vélo, chemise à carreaux passe à coté de moi. Une fois, deux fois… je n’y prête pas plus attention.
Au bout de la cinquième fois, je me dis “c’est marrant, tous les mecs qui passent à vélo à côté de moi ont la même chemise à carreaux… ça doit être la mode”. Vers la huitième fois, je réalise que c’est la même personne. Vers la dixième fois, je commence à être mal à l’aise. La treizième fois, je suis arrêtée à un feu et il est à côté de moi. Je fais mine de m’ambiancer sur la musique (qui était sur pause, il fallait que j’entende ce qui se passe en cas d’attaque) et je regarde dans une direction opposée en me disant “no eye contact, no eye contact”.
La quinzième fois, il m’aborde enfin en balbutiant un truc bizarre et en me tendant un sachet plastique à travers lequel on voyait distinctement une tablette de chocolat de marque Meiji. À ce moment, je me suis dit “Mec… C’est mort…” et j’ai répondu un truc du style “eeh, sorry, no, I’m tired”. Il a fait un “ah okay, désolé” de la tête et n’a pas insisté. Dieu merci, je ne l’ai plus recroisé.
Je veux bien croire que les Japonais soient gentils, cools, curieux des étrangers pour une grosse majorité. Mais là, il se fait tard, il fait nuit noire, y’a pratiquement personne dans la rue, tu passes 15 fois à côté de moi à vélo puis tu te décides à m’aborder avec une tablette de chocolat?
La drague et les rencontres façon pédophile ou violeur, c’est pas le meilleur choix de scénario.
À te servir de ton appareil photo, tu apprendras
Dans la catégorie “youpi, c’est gratuit”, il y a les sorties photos. Au début, les réflex sont plutôt intimidants : c’est lourd, ça demande toute une organisation et le fonctionnement n’est pas des plus intuitifs. Malgré les tutos sur le web, il n’est pas évident de saisir les méthodes et autres subtilités.
Mais quand tu comprends… C’est là que le fun commence. Quand les bons gestes te viennent de manière naturelle, que tu les intègres à ta propre logique, c’est un plaisir de passer de longues heures à shooter ton environnement. Les balades deviennent plus intéressantes, un peu comme des chasses au trésor.
Temples et sanctuaires, tu visiteras
Ça aussi, ça tombe dans la catégorie “youpi, c’est gratuit”. Avec les longues marches et les shootings, ça fait une combinaison de choc. Gratuit mais aussi beau, spirituel et instructif.
Une excursion à Kyoto, tu feras
Kyoto, comme Kobe ou Nara, sont des points d’intérêts importants situés à moins d’une heure de train d’Osaka. Ce petit trip à Kyoto était l’apothéose de mon séjour à Osaka : mon correspondant, rencontré au hasard lors de ma visite du sanctuaire Inari 3 ans auparavant, m’avait réservée une visite guidée de la ville.
Entre dégustations impromptues, histoire, tradition, dans un décor pittoresque d’automne. Le soir, cerise sur le gâteau : ses parents nous attendaient pour un festin des plus mémorables 🙂
Cette excursion est un concentré sur une journée de tout mon voyage : rencontre, accueil chaleureux, culture, bouffe, joie, soleil, paysage, échange.
Chrys Prolls